mardi 7 avril 2009

Une histoire,un peuple.

HISTOIRE DES COMORES








Les dernières recherches en archéologie ont montré que l’archipel des Comores était peuplé depuis le VIIème siècle. Il semble que les premiers habitants soient venus de la côte africaine, des représentants de la civilisation swahili.
Ce mot « swahili » vient du terme arabe « sâhil » qui signifie « rivage », « littoral » et même « côte ». Il désigne donc la côte africaine de l'Océan indien et plus précisément la bande qui s’étire de la Somalie à l’actuelle Mozambique. Si le mot swahili dérive de l’arabe, les swahilis ne sont pas des Arabes, mais un peuple de métis, en majorité composé de Bantous, c’est-à-dire d’ Africains, non encore islamisés. Ce sont ces Swahilis qui dans leur extension sur les rivages de l'Océan indien occidental s’installent aux Comores. Ils mettent en place une organisation politique et sociale proprement africaine, avant l’arrivée des Arabes.
Ceux-ci chassés de Chiraz (Perse) et d’ailleurs (Arabie et Yémen particulièrement), arrivent à diverses époques. Les dernières à s’installer au XVIe, mettent en place une organisation de type arabe (sultanat) à la place de l’organisation africaine.

Le système politique africain qui était en place aux Comores était régi par les mafé (pluriel du mot fey, titre de chef répandu sur la côte orientale de l'Afrique) ou mafani à Anjouan (dont les chefs contrôlent les îles de Mayotte et de Mohéli). Ces deux termes désignent les doyens qui sont les chefs des grandes familles ou des villages. Les mafe laissent la place assez rapidement à des Mabedja qui forment une chefferie dirigeante dans chaque village.

Avec l’arrivée des Arabes, se met en place le système des sultanats. C’est un système qui se superpose au système swahili dont la civilisation quelle que fut sa puissance (notamment au XIe siècle) n’a jamais créé un Empire centralisé, mais est resté un ensemble de cités-États. Ainsi à la Grande Comore existera plusieurs sultanats dirigés par différents sultans qui accordent une importance honorifique à l’un d’entre eux, le sultan Tibé. A Anjouan, trois lignages royaux implantés dans les trois principales villes (Mutsamudu, Ouani et Domoni) se partagent le pouvoir. L’unification de l’île n’arrive qu’au XVIIIe siècle.
Dans un tel système, le sultan n’a pas tous les pouvoirs. Il doit tenir compte des avis d’un Grand Conseil (Mandjelissa) qui réunit les principaux notables, recrutés dans les grandes familles. Il intervient dans les affaires les plus importantes, particulièrement lorsqu’il y a vacance de pouvoir ou lorsqu’il faut prendre la décision de mener une guerre. Le sultan est aussi secondé par des vizirs qui sont des relais du pouvoir dans certaines régions. On trouve aussi sur le plan local d’autres agents administratifs: naïb (assimilables à des chefs de canton), des cadis (à partir du XIXe siècle), chef de la police, collecteurs d’impôts, chefs de village (nommés par le sultan) et chefs religieux.


Au XVe siècle, les Portugais sont les premiers européens à arriver aux Comores, mais ils n’y restent pas. Puis l’archipel devient un point de relâche pour d’autres pays européens: Hollandais, Anglais, et Français. Il subit pendant la fin du XVIIIème siècle, les raids des pirates malgaches, qui pillent, tuent et enlèvent des Comoriens pour les vendre en tant qu’esclaves.
Traditionnellement, les îles de Mayotte et de Mwali ont été sous la domination des chefs politiques d’Anjouan. Mais à partir du XIXe siècle, ces liens sont rompus. Il n’y a donc pas d’unité politique entre les îles, mais les liens familiaux sont nombreux, et traduisent le sentiment d’avoir les mêmes origines, la même langue et la même culture. Les français de l’époque, lorsqu’ils font des prospections avant la colonisation ne se trompe pas en prenant en compte ces liens. Ainsi, le gouverneur de Bourbon (aujourd’hui La Réunion) remet au Commandant du Lys, en 1819, des « instructions secrètes » en vue de la colonisation des Comores. On peut y lire: « M. Lelieur appareillera, dès ce soir, pour se rendre à l’île d’Anjouan, dans le canal de Mozambique. En quittant Anjouan, il visitera les îles Comores, Mohéli et Mayotte et, afin d’être bien accueilli des Arabes qui les habitent, il se fera donner des lettres de recommandation par le souverain d'Anjouan ».
Il est vrai qu’il y a des batailles entre les chefs comoriens, et contrairement à ce qu’on prétend aujourd’hui, le plus souvent nous avons sans doute des oppositions internes à chaque île, plutôt qu’inter-îles. Mais l’importance de ces batailles a été volontairement exagérée, comme partout en Afrique par des historiens colonialistes. Les Comores ont été appelées « l’archipel aux sultans batailleurs » (titre d’un ouvrage d'Urbain FAUREC publié en 1942). Le but était seulement de montrer que l’oeuvre de la France a été de pacifier notre archipel, et au-delà justifier la colonisation et la pérenniser. C’est pourquoi, il est regrettable aujourd’hui de voir des intellectuels comoriens reprendre cette expression de « sultans batailleurs », alors que les rivalités des sultans comoriens ont été beaucoup moins sanglantes que celles des seigneurs des royaumes européens au moyen-âge ou pendant la guerre des religions en France.










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